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« Originals », voyagez à travers les idées avec Adam Grant

« Originals », voyagez à travers les idées avec Adam Grant

6 min de lecture
L’audace s’apprend, déclare l’auteur à succès Adam Grant. Dans cet interview, il nous explique comment avoir de bonnes idées, et pourquoi ça peut parfois valoir la peine de remettre les choses à plus tard.

Le 4 octobre 2018

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Adam Grant Originals, c’est le titre anglais de votre livre original à succès, dans lequel vous expliquez comment avoir de bonnes idées. Pouvez-vous nous dire comment celle-ci vous est venue ?

Pour être honnête, de mon point de vue, c’est parti d’une mauvaise idée plutôt dingue. Un de mes étudiants m’a demandé si j’étais prêt à investir dans une start-up qu’il envisageait de lancer avec quelques camarades de classe. J’y ai réfléchi et j’ai décliné l’offre en le remerciant. 

Quel était l’activité de cette start-up ?

Ils voulaient vendre des lunettes en ligne. J’étais sûr que c’était voué à l'échec. Pour vendre une paire de lunettes, il faut réaliser des mesures sur les yeux du client, comment serait-ce possible en ligne? Et l’équipe ne semblait pas vraiment se soucier de tout ça. Plutôt que de se consacrer exclusivement à leur start-up, au moins pendant les vacances d’été, trois des quatre étudiants ont fait un stage. Et il leur a fallu six mois pour trouver un nom à leur entreprise. Ces étudiants ont laissé traîner les choses, c’est le moins que l’on puisse dire. Pourtant, leur entreprise, nommée Warby Parker, a connu un succès incroyable. Aujourd'hui, sa valeur est estimée à plus d’un milliard de dollars. 

Qu’avez-vous appris de cette erreur de jugement ? 

Quand vous passez à côté d'une telle opportunité, vous vous demandez sérieusement: où me suis-je donc trompé ? C’est ainsi que le livre est né. Je voulais comprendre comment mieux reconnaitre les bonnes idées. Mais aussi comment les gens parviennent, non seulement à avoir de bonnes idées, mais aussi à les mettre en pratique.

Nous devrions tous oser penser un peu de manière anticonformiste.
Adam Grant, psychologue organisationnel et auteur à succès
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Dans votre livre, vous considérez chacune des personnes comme « anticonformiste ». Faut-il vraiment sortir des sentiers battus pour avoir du succès ?

Le terme « disruption » est un mot particulièrement à la mode. Lorsque l’on étudie des idées disruptives, on se rend vite compte qu’elles débutent souvent par un acte anticonformiste. Avec quelqu’un qui déclare: la façon dont nous avons résolu le problème X ou Y jusqu’à présent est absurde. Et qui cherche un autre moyen de faire les choses, en dépit de toutes les résistances. Car un anticonformiste doit toujours se battre contre les résistances.

Parce que l’audace choque ?

Dès qu’il a du succès, un anticonformiste est admiré, presque adulé. Prenez l’exemple de Steve Jobs! En 1970, personne ne l’aimait. Tant qu’un anticonformiste développe et teste ses idées, il est souvent considéré comme agaçant. Les études montrent que les gens qui prennent souvent la parole, sont moins souvent promus. Un anticonformiste qui ne tient pas sa langue en paie souvent le prix.

Adam Grant, né en 1981 au Michigan (USA), est professeur en psychologie organisationnelle à la Wharton Business School de Philadelphie. Il conseille des organisations et des entreprises. Ses livres sont tous classés dans la liste des best-sellers du « New York Times ». Parmi eux figurent les titres: « Anticonformistes, comment les esprits originaux changent le monde » et « Donner et prendre, pourquoi les égoïstes ne gagnent pas toujours et aident les gens à progresser ». Plus récemment, en 2017, Adam Grant a publié le livre « Option B, surmonter l’adversité, être résilient, retrouver l’aptitude au bonheur ». Il a écrit le best-seller avec Sheryl Sandberg, directrice générale de Facebook.

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Alors, comment puis-je devenir une machine à idées anticonformistes ?

Très souvent, l’audace ne commence pas par quelque chose de nouveau, mais par quelque chose qui est déjà connu et qui apparaît soudain sous un autre angle. C’est à dire le contraire du déjà-vu. C’est ce que l’on appelle le Vuja-de. Prenons l’exemple d’une file d’attente pour un taxi. Combien de fois Travis Kalanick s’est-il énervé en attendant un taxi, et en voyant toutes les voitures avec des sièges vides passer devant lui? Des centaines de fois. A un moment donné, il s’est demandé: pourquoi ne pas simplement organiser du covoiturage ?

Et c’est ainsi qu’il a fondé Uber.

Exactement ! C’est un fait: nous connaissons tous, assez souvent, des moments de Vuja-de. Mais contrairement à Travis, nous ne sommes pas assez confiants pour les concrétiser.

Un anticonformiste qui rencontre du succès connaît les mêmes peurs et les mêmes doutes que les autres. La différence, c’est qu’il agit quand même. «Parce qu’il regretterait davantage, de ne pas avoir essayé.»
Adam Grant
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Qu’est-ce qui est important dans une idée, mis à part son contenu ?

Lorsqu’il s’agit de bonnes idées, la « procrastination », c’est à dire le fait de reporter une tâche ou de laisser traîner les choses, peut s’avérer positive. Nous l’avons démontré dans plusieurs expériences. Nous avons, par exemple, proposé à un groupe un exercice créatif à faire immédiatement. Un autre groupe s’est vu confier le même exercice, mais devait tout d’abord jouer quelques minutes au « Démineur » sur l’ordinateur. Les personnes ayant joué au « Démineur » ont obtenu de bien meilleurs résultats. 

Mais ce n’est pas valable pour tous les procrastinateurs, qui attendent la dernière seconde pour commencer un travail ?

Non, c’est vrai. Car on est alors en mode survie, et ce n’est certainement pas l’idéal pour faire émerger les meilleures idées. Le truc, c’est de commencer rapidement, et de s’arrêter un moment. On laisse ainsi la porte ouverte à de nouvelles idées le plus longtemps possible, sans prendre de retard. Les fondateurs de Warby Parker ont procédé exactement ainsi. Pour choisir le nom de l’entreprise, ils ont rassemblé et rejeté des idées, jusqu'à ce qu’ils trouvent la bonne.

Ce n’est pas mieux d’avoir une bonne idée rapidement, plutôt que toujours fouiller et au final, choisir entre des centaines de possibilités ?

Clairement pas! La meilleure façon d’avoir une idée originale, c’est de générer une diversité de choix la plus grande possible. La plupart des gens arrêtent après une heure de brainstorming et se contentent d’une vingtaine d’idées. C’est pourtant à partir d'environ deux cents idées que l’on atteint les limites de son audace. Et l’ennemi juré de l’innovation et des bonnes idées est dans la pensée de groupe. Lorsque trop de personnes, trop semblables, travaillent trop longtemps sur un sujet, la diversité des idées en souffre. Ce n’est pas une bonne idée.

Vous avez besoin de la plus grande motte de foin possible, si vous voulez y trouver de bonnes aiguilles.
Adam Grant
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